Le procès de Google pour abus de position dominante s’est ouvert la semaine dernière à Washington et doit durer dix semaines jusqu’à mi-novembre. Google est accusé d’avoir illégalement tué la concurrence dans l’œuf via des contrats d’exclusivité pour imposer son moteur de recherche.
Il est vraiment étonnant que le microcosme SEO francophone ne parle pas plus de ce procès contre Google aux US. C’est peut-être dû au syndrome de Stockholm. Pourtant c’est l’une des rares occasions où l’on peut obtenir des informations fiables sur le grand “G” qui ne sont pas de la propagande d’entreprise.
Le procès antitrust en cours met en lumière des enjeux cruciaux pour le secteur.
Le géant de Mountain View est accusé d’avoir abusé de sa position dominante en signant des contrats d’exclusivité avec Apple, Samsung ou encore Mozilla, pour faire de Google le moteur de recherche par défaut sur leurs smartphones ou navigateur.
Google devrait mettre en avant l’accès facile à des alternatives (en insistant sur le fait que d’autres moteurs de recherche sont à un simple clic de distance). L’entreprise pourrait argumenter que la qualité de son produit est tout simplement supérieure à celle de ses concurrents, ce qui expliquerait la faible proportion d’utilisateurs qui optent pour un changement de moteur de recherche.
Comment prouver l’abus de position dominante ?
Le ministère de la Justice devrait convoquer des témoins issus des concurrents directs de Google. Cette démarche est une pratique courante dans les affaires d’antitrust. Ces témoins sont susceptibles d’indiquer que le placement par défaut de Google et son effet de verrouillage ont eu un impact significatif sur leurs activités. Des témoignages sujet à caution car ils émanent de concurrents directs.
Le gouvernement dispose également d’autres sources potentielles de témoignages préjudiciables à Google. Comme par exemple la possibilité que l’entreprise elle-même ait fait des déclarations internes confirmant des pratiques anticoncurrentielles. C’est peut-être de ce côté plus que des tentatives de reverse engineering de la concurrence que l’on obtient les informations les plus intéressantes.
Comment Google manipule les résultats offerts aux internautes.
Au-delà de la pertinence des résultats Google manipulerait la nature des réponses données aux internautes pour qu’elles soient plus intéressantes commercialement pour la firme de Mountain View. Il est révélé que Google ne se contente pas de répondre aux requêtes de recherche, il les façonne pour correspondre à des intentions publicitaires. En d’autres termes, les résultats d’une recherche sont affectés par une reformulation effectuée par Google, ce qui peut influencer la manière dont les annonces sont présentées.
L’algorithme SERP (Search Engine Results Page) du moteur de recherche a subi des ajustements visant à discrètement altérer les requêtes des utilisateurs, générant ainsi des résultats présentés comme naturel orientés vers le commerce. Il est important de noter que Google affiche également de manière bien visible des annonces publicitaires sur ses pages de résultats.
Megan Gray, une avocate ayant précédemment travaillé pour DuckDuckGo qui suit le procès, a déclaré dans Wired : “les dix liens bleus, que Google présente comme étant les résultats organiques fondamentaux, cachent en réalité une motivation lucrative sous des dehors enfantins.”
A ceci il faut ajouter le ciblage marketing permanent de chaque internautes catégorisé par la nature des recherches qu’il a effectué dans le moteur de recherche qui influe largement sur ce qu’il va rencontrer non seulement sur le moteur de recherche mais aussi auprès de tous les sites reprenant le contenu publicitaire de la firme.
Les mailles du filet emprisonnant les internautes pour la pêche aux clients ne sont pas tous aussi visibles et transparents que Google voudrait nous faire croire.
Google et la Manipulation des Enchères Publicitaires : L’Inflation Automatique des Coûts Publicitaires en Ligne
Pour vous, entrepreneurs, comprendre comment Google manipule le système d’enchères publicitaires est essentiel dans le paysage numérique actuel. Google a admis avoir mené de nombreuses expérimentations algorithmiques sur les prix des enchères dans le but d’optimiser ses profits, mettant ainsi en lumière sa priorité pour la maximisation des revenus plutôt que pour l’amélioration de l’allocation des annonces.
Ces « expérimentations » ont rapporté à Google une somme considérable, atteignant 200 millions d’euros rien qu’en 2022. Avec l’intégration croissante de l’intelligence artificielle dans les moteurs de recherche, cette mainmise de Google sur l’accès à l’information risque de s’accentuer, comme l’indique même un géant tel que Microsoft.
La complexité de la formule de tarification de Google n’est pas un secret, et il est devenu clair que les équipes commerciales de Google ont ajusté cette formule à la hausse, augmentant ainsi les coûts pour les annonceurs. Joshua Lowcock de l’agence Universal McCann a souligné que le search, en tant que canal publicitaire, est devenu incontournable, ce qui a conduit Google à augmenter les prix pour maintenir les investissements publicitaires.
L’audition d’Adam Juda, VP Product Management au sein de la division Search Ads Quality Systems de Google, a révélé que Google utilise diverses métriques pour évaluer les annonceurs, notamment la notion de valeur à long terme (LTV). Cette métrique vise à privilégier les annonceurs « qualitatifs » plutôt que simplement les plus offrants.
En fin de compte, Google procède à de nombreux ajustements des enchères pour améliorer le service, mais malgré ces explications, la formule de tarification de Google reste opaque. En résumé, plus un annonceur est prêt à payer cher, plus il a de chances d’être considéré comme qualitatif et d’obtenir les meilleurs emplacements publicitaires.
Méfiez-vous des prophètes du grand “G”.
Il est essentiel qu’en tant qu’entrepreneurs, vous compreniez que les référenceurs ne peuvent pas garantir des résultats stables dans le monde en constante évolution des moteurs de recherche en ligne. Dans un contexte où le paysage numérique est influencé par ceux qui investissent le plus, il est important de reconnaître que les résultats de recherche sont finalement décidés par Google et ses algorithmes.
Bien que les référenceurs puissent mettre en place des stratégies pour optimiser votre visibilité en ligne, ils ne contrôlent pas celle-ci. Les pratiques de référencement peuvent être une composante importante de votre stratégie, mais elles ne garantissent pas une position permanente dans les résultats de recherche. Il est crucial de maintenir une perspective réaliste et de reconnaître les limites de l’influence que vous pouvez exercer sur les résultats de recherche.
Cela renforce l’importance de diversifier votre présence en ligne et de miser sur divers moyens de conserver une clientèle si votre offre disparaît brusquement des moteurs de recherche. Cet argent sera peut-être investi de façon plus pérenne que sur une publicité qui peut devenir trop onéreuse et disparaître du jour au lendemain.
Le procès de Google, une actualité à suivre.
Pour suivre les développements de ce procès, je vous conseille de suivre les articles francophones de PetitWeb sur le sujet. Fayrouze Masmi-Dazi fait un résumé chaque semaine sur ce que l’on peut apprendre :