Internet cognitif : Comment fonctionne la mémoire humaine ?

Une des constantes de la nature humaine est de vouloir expliquer son environnement. Lorsqu’un événement imprévu arrive, la première réaction des humains est de vouloir l’expliquer d’une façon ou d’une autre.

Par exemple, lorsqu’un avion s’écrase ou un train déraille, les diverses explications données par les journalistes s’étalent à là une des journaux. Ce n’est pas seulement parce que les journalistes éprouvent le besoin de donner une explication à l’événement, mais c’est surtout parce ces explications font vendre de la copie.

Non seulement l’homme veut expliquer ces phénomènes imprévisibles mais en plus il essaye de définir des règles avec lesquelles ce type d’événement peut se produire. L’homme veut comprendre ce qui s’est passé mais également influer sur la répétition de tels événements en modifiant les paramètres des règles pouvant conduire à l’imprévisible.

Dans son livre « Le Cygne Noir: La puissance de l’imprévisible. », Nassim Nicholas Taleb défini clairement que la première réaction de l’être humain face à un cygne noir est de vouloir l’expliquer à tout prix.

Pour « Nassim Nicholas Taleb » le « cygne noir » est un élément totalement imprévisible contredisant par sa seule existence toutes les règles communément admises. Par exemple, les occidentaux ont longtemps cru que tous les cygnes étaient blancs. C’était une règle corroborée par de nombreuses observations de cet animal qui partout dans le monde connu portait un plumage blanc. Pourtant les premiers occidentaux arrivant en Australie ont pu découvrir dans ses terres reculées qu’il existait également des cygnes noirs.

La vue d’un seul de ces animaux, en plus d’être son observateur un événement totalement imprévisible, contredit une croyance séculaire, communément admise par tous, et corroborée par plusieurs millions (voir milliard) d’observation de volatiles blancs. C’est pour cela que « Nassim Nicholas Taleb » désigne les événements imprévisibles comme « cygnes noir ».

Les crises financières, les catastrophes aériennes, où les succès musicaux ou littéraires sont par essence totalement imprévisibles. Car effectivement si l’on pouvait prévoir de tels événements on pourrait au choix les éviter ou les provoquer. Pourtant vous avez sûrement lu dans les journaux ont entendu à la radio ou la télévision un bon nombre d’explications données a posteriori de ce type d’événement a priori pas réellement explicable.

À vrai dire, l’être humain ne veut pas seulement expliquer l’imprévisible. Il veut expliquer la totalité de son environnement, voire du monde. Cette lubie de l’explication n’est pas un phénomène culturel propre à la personnalité de l’homme. En réalité, cette volonté de tout expliquer est profondément liée aux processus de pensée de l’être humain, à la cognition.

Sachez que si vous êtes capable d’expliquer de façon crédible la totalité du monde vous aurez toujours des auditeurs reconnaissants.

Pourtant il serait possible de parler de cognition sans parler de l’homme. En effet, les recherches effectuées dans l’étude humaine sont souvent l’objet de transposition partielle dans la gestion de systèmes d’information (on parle ici d’informatique et de base de données) et de gestion de la connaissance. C’est pour cela que Google étudie de très près la cognition humaine pour modéliser les algorithmes de ses réponses faites à ses utilisateurs.

Nous allons dire pour créer la métaphore d’un « Modèle Cognitif Simplifié » que la cognition est considérée comme un traitement informatique, avec une entrée (Input), une évaluation (un traitement avec diverses étapes), et une réponse en sortie (Output).

Une bonne partie des recherches faites en informatique sur le « Knowlege Management » (gestion de la connaissance) sont basées sur les mécanismes basiques de la cognition humaine. La transmission de l’information entre celui qui possède la connaissance est celui qui a besoin d’information et dépendante d’un côté de la manière d’exprimer sa connaissance et de l’autre côté de la perception des utilisateurs de cette connaissance.

En effet la connaissance des uns ne sert à rien aux autres s’ils ne sont pas capables de la comprendre. Il est donc important de savoir récupérer l’information de façon suffisamment pertinente auprès des experts pour qu’elle soit compréhensible par tout un chacun. On rejoint ici une des problématiques que j’ai à affronter en écrivant cet article qui est de me faire comprendre de mes lecteurs.

La transposition de la pensée humaine vers l’informatique est intéressante à utiliser pour cet ouvrage puisque une bonne partie des lecteurs connaît les bases de l’informatique. Nous allons donc souvent utiliser ce type de métaphore pour expliquer de façon comment fonctionne la cognition humaine.

Le fait d’expliquer la cognition avec des mots correspondants au vocabulaire informatique a aussi un deuxième avantage. En effet, pour un féru d’informatique, il ne va pas être difficile de transposer les processus cognitifs en programmes informatiques.

Imaginez que vous devez ranger dans un disque dur infini la totalité des informations que vous rencontrez chaque jour. Comme sur votre ordinateur pour être sûr de retrouver de façon rapide la bonne information il va falloir créer des dossiers et des sous dossiers pour classer tout cela. Ses dossiers et sous dossiers doivent vous permettre de ranger les informations mais aussi de pouvoir les retrouver quand vous en aurez besoin.

Lorsque j’ai commencé cet article je vous ai dit que l’une des caractéristiques du genre humain est de vouloir expliquer son environnement. Ce besoin d’explications correspond en grande partie à cette problématique d’indexation de l’information.

Avant de classer les informations dans votre esprit vous devez d’abord savoir dans quel dossier, dans quels sous dossiers,… classer l’information afin de la retrouver ultérieurement.

Mais, allez-vous me dire, j’ai déjà classé cette information puisque je m’en souviens. Vous avez raison, vous avez déjà classé cette information quelque part, et pour vous faire comprendre comment un être humain traite l’information nous allons ici évoquer une des bases de la connaissance sur la cognition les diverses façon de mémoriser l’information.

Selon les spécialistes de la cognition il existe plusieurs sortes de mémoire :

• La Mémoire Sensorielle (MS).
Qui permet de stocker l’état actuel des sensations. Si nous devons faire une métaphore avec un ordinateur, cette mémoire correspond à la fameuse mémoire tampon qui stocke temporairement les saisies du clavier.

Cette « mémoire » sensorielle n’est en fait pas vraiment un endroit de stockage. Elle correspond plus à « un état du système » traité par la mémoire de travail.

• La Mémoire de Travail (MT).
Qui permet de stocker de façon temporaire les informations venant de la mémoire sensorielle ou de la mémoire à long terme. Elle correspondrait à la mémoire vive d’un ordinateur.

Selon le modèle de « Baddeley et Hitch » (1974) cette mémoire se décomposent en trois éléments distincts qui sont : « L’Administrateur Central », la « Boucle Phonologique » et le « calepin Visuo-Spatial ». L’administrateur central permet de garder des éléments (Phonologique ou visuo-spatial) en mémoire par répétition et traite l’information. La boucle Phonologique permet de stocker des éléments du langage et le Calepin visuo-spatial des images ou représentations de l’espace.

Comme dans un ordinateur, cette mémoire de travail est l’endroit où les informations sont traitées avant stockage (Qu’elles viennent de la mémoire sensorielle ou celle à long terme). C’est dans cette mémoire que les informations prennent un sens ou que vous décidez de les garder ou pas. Quand notre être humain prend une décision c’est en utilisant cette mémoire de travail. Une chose à retenir pour la suite.

Une autre information à retenir est le fait que cette mémoire de travail est limitée dans sa capacité.

• La Mémoire à Long Terme (MLT).
Qui permet de stocker de façon permanente les informations venant de la mémoire de travail. Cette mémoire correspondrait à la mémoire morte (ROM) d’un ordinateur. Les chercheurs en psychologie cognitive n’ont pas encore trouvé de limite à sa capacité de stockage.

Selon certains chercheurs, cette mémoire à long terme serait divisée en plusieurs secteurs ayant chacun sa spécialité (ils pensent donc qu’il y a plusieurs mémoires à long terme).

  • Mémoire épisodique
    La « mémoire épisodique » ou « mémoire autobiographique » désigne le processus par lequel on se souvient des événements vécus avec leur contexte (date, lieu, état émotionnel). Cette mémoire permet d’enregistrer non seulement les faits et informations mais également les sentiments ou états d’esprits ressentis lors de l’épisode.
    La mémoire épisodique est aussi associée à un état de conscience dit « autonoétique » qui offre à l’individu la capacité de « voyager mentalement dans le temps », de se représenter consciemment les événements passés et de les intégrer à un projet futur. Bref la mémoire épisodique est celle qui vous permet généralement de vous rappeler des dates.
    Paradoxalement, si cette mémoire épisodique peut nous sembler la plus efficace car on a l’impression de mieux se souvenir des expériences que des connaissances, elle est en fait la moins fiable. Lorsque l’on fait appel à la mémoire épisodique, les événements ne sont pas revécus, mais reconstruits (via la mémoire de travail). Le contexte émotionnel dans lequel est reconstruit l’épisode peut modifier notre souvenir du passé en modifiant les émotions ressenties lors de leur enregistrement initial. Cette dérive émotionnelle peut même aller jusqu’à modifier l’interprétation des faits ou informations initiales.
  • La Mémoire sémantique
    C’est notre encyclopédie personnelle. Le magasin d’information que nous possédons tous et dont une grande partie nous est accessible rapidement et sans effort. La mémoire sémantique est un savoir organisé que l’être humain possède pour stocker les mots, les symboles non verbaux et leurs significations.
    Une chose à savoir sur la mémoire sémantique c’est que la majorité des cas d’amnésie concernent la perte de la mémoire épisodique et épargnent la mémoire sémantique. C’est dire combien la mémoire sémantique est fiable vis-à-vis de la mémoire épisodique
  • Mémoire procédurale
    Ce type de mémoire porte sur les habiletés motrices, les savoir-faire, les gestes habituels. C’est grâce à elle qu’on peut se souvenir comment exécuter une séquence de gestes. Elle est très fiable et conserve ses souvenirs même s’ils ne sont pas utilisés pendant plusieurs années.
    La mémoire procédurale est activée dans les actions que nous menons « en roue libre » : allumer une cigarette pour les fumeurs, préparer un œuf à la coque, démarrer sa voiture,…

Nous allons pour les besoins de notre « modèle cognitif simplifié » dire qu’en fait tout est stocké dans la même mémoire à long terme et seule l’indexation de ces informations est divergente. Ainsi une information peut-être à la fois appelée parce qu’elle correspond à un épisode de notre vie, parce qu’elle est intégrée à notre savoir encyclopédique, ou parce qu’elle fait partie d’une de nos procédures (donc liée à notre comportement). Nous avons plusieurs manières d’accéder à cette information mais il s’agit en fait bel est bien du même espace de stockage.

Selon les chercheurs, la MLT enregistre les informations via un processus de répétition. Il existerait deux principaux processus pour entreposer une information dans la mémoire à long terme :

  • l’auto-répétition de maintien (ou d’entretien) qui consiste à répéter mentalement l’information à apprendre.
  • l’auto-répétition d’intégration (ou élaboratrice) qui consiste à utiliser l’information nouvelle en l’associant à une autre déjà connue.

Une autre chose importante à savoir sur la mémoire à long terme c’est que l’oubli d’une information stockée dans la MLT provient d’une incapacité à accéder à l’information et non à l’absence de cette information dans le système de stockage.

Bon, c’est tout pour aujourd’hui, je vais vous laisser intégrer ces informations en MLT ^^.

La prochaine fois nous allons parler de cartographie mentale…

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